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LE FESTIVAL DE CANNES Ou le temps perdu de Santiago H. Amigorena - Éditions POL

  • Béatrice Arvet
  • 27 juin
  • 2 min de lecture

Deux exils, une enfance et une adolescence tourmentées, des amours contrariées ou pas, ont servi de matière au « Dernier livre », œuvre de 14 tomes, dont ce volume constitue l’avant-dernier. À sa manière proustienne, assumée maintenant, Santiago H. Amigorena se remémore les récréations annuelles qu’étaient les festivals de Cannes dans son emploi du temps studieux.



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L’écrivain part à la recherche « d’un temps perdu » qui n’était peut-être pas inutile ; une quête de lui-même qu’il traque de souvenir en souvenir. Cette rétrospective entre « frivolité sérieuse » et « gravité légère » ressemble à son auteur, sans cesse écartelé entre le vœu impérieux, honorable, de « tout écrire » et l’appel alimentaire, vaguement honteux du cinéma, dont l’origine correspond à un grand chagrin d’amour et un goût prononcé pour les jolies actrices.

Le cinéma est peu présent dans ce texte et la montée des marches se fait autant sur le tapis rouge que dans l’ascenseur social cannois, où le marqueur final est de ne plus rien quémander, ni placement aux projections, ni invitations aux fêtes. De l’émerveillement au rejet, il mettra 40 ans et quelques anecdotes croustillantes avant de s’apercevoir qu’il n’y est pas à sa place.

On s’étonne de lire cette confession égocentrique sans jamais se barber. Serait-on aussi captifs si Philippine, Julie ou Juliette ne s’appelaient pas Leroy-Beaulieu, Gayet et Binoche ? La réponse n’enlève rien à l’écriture exigeante, au talent de disséquer une émotion et d’en faire une substance littéraire, en écho à celui de transformer chaque parcelle de temps en vertige amoureux, douloureux, poétique, revanchard ou festif.  « Une recherche de vérité dans l’art », qui donne un sens à cette comédie humaine moderne.

 

                                                                                                                      Béatrice Arvet


Article paru dans l'hebdo La Semaine du 15 mai 2025


REPÈRES

 

Né en 1962 à Buenos Aires, Santiago H. Amigorena est arrivé en France à 11 ans. Au lycée Rodin, il rencontre Cédric Klapisch avec qui il écrira plusieurs scenarii dont " Le péril jeune ", " Peut-être ", " Ni pour, ni contre " et récemment "La venue de l'avenir". Il a participé à l'écriture de plus de vingt films avec des cinéastes comme Laurence Ferreira Barbosa, Brigitte Roüan ou Jean-Pierre Limousin. En tant qu'écrivain, il a publié 13 livres autobiographiques. « Le Ghetto intérieur » a reçu le prix des libraires de Nancy – Le Point en 2019.

 

DERNIERS OUVRAGES PARUS

 

La justice des hommes – P.O.L, 2023

Le premier exil – P.O.L, 2021

Il y a un seul amour – P.O.L, 2021

 
 
 

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