BOUCHE-À-BOUCHE d'Antoine Wilson - Éditions Gallimard
- Béatrice Arvet
- 22 juil. 2023
- 2 min de lecture
À travers l’étrange confession d’un marchand d’art, Antoine Wilson réussit un exercice de manipulation assez ingénieux. Un roman plébiscité par le meilleur influenceur littéraire de notre époque, Barak Obama.

À la fac, Jeff Cook avait les cheveux longs, la dégaine nonchalante et fumait des joints à la chaine. Des années plus tard, alors que son ancien camarade est devenu un élégant homme d’affaires, le narrateur gagne péniblement sa vie comme écrivain. Coincés à JFK par un retard sur leur vol, ils se croisent à nouveau. Dans le salon des 1ères classes, Jeff raconte comment, en pleine période de déprime sentimentale, réfugié chez un ami à Santa Monica, il a sauvé la vie d’un inconnu sur le point de se noyer. Ayant renoncé à se faire connaître, mais obsédé par l’idée de cet homme cherchant ou non à le remercier, il commence à roder dans son entourage et finit par se faire embaucher dans la galerie de ce marchand d’art célèbre et à priori peu sympathique.
Ce quasi monologue est construit autour de l’idée que tout ce qui arrive, après sa noyade, à Francis Arsenault, est imputable à son sauveteur. Celui-ci a-t-il repêché un homme bon ou un salaud ? Que cherche Jeff en infiltrant l’existence de cet individu qui ne semble pas le reconnaître ? Comment est-il devenu lui-même un acteur prospère du monde de l’art ? Un pacte silencieux aurait-il été scellé à travers ce « bouche à bouche » salutaire ? Pourquoi se confie-t-il ce jour-là ?
La structure classique du récit, un peu lent au début, accentue la tension au fur et à mesure de la lecture. À l’instar de la spéculation dans le domaine de l’art, l’histoire de Jeff est remplie d’apparences trompeuses et de fausses pistes, qui rendent le lecteur de plus en plus fébrile. Une construction astucieuse parfaite pour les trajets estivaux.
Béatrice Arvet
Article paru dans l'hebdo La Semaine du 27 avril 2023




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