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LA FAUTE d'Alessandro Piperno - Éditions Liana Levi

  • Béatrice Arvet
  • 6 mai 2023
  • 2 min de lecture

Par le biais d’un jeune garçon pris dans les filets d’une histoire chaotique et de sa difficile construction identitaire, Alessandro Piperno revient aux années 80. Malgré un début un peu lent, ce roman, qu’il qualifie lui-même de victorien, devient rapidement addictif.


Le père, représentant en électroménager, était aussi fantasque, rêveur, flambeur, que la mère, professeur de maths, était sérieuse, disciplinée, intransigeante sur les règles. Enfant de ce couple si mal assorti, sans cesse en proie à des difficultés financières et des disputes conjugales, le narrateur s’était souvent demandé pourquoi ses parents, athées et de gauche, semblaient n’avoir aucun passé, aucune famille, contrairement à ses camarades. Jusqu’au jour où il apprend que sa mère est juive, issue d’une lignée d’avocats riches et renommés. Le choc est rude, d’autant qu’il se retrouve au cœur d’une société dont il ne possède aucun code. Un drame plus tard, adopté par son grand-oncle, il change de nom et se glisse avec un certain plaisir dans l’enveloppe du dandy, habitué aux grands hôtels, aux restaurants étoilés et aux vêtements de marque. Oubliées les années de vaches maigres, les humiliations, les complexes infantiles, niée cette première partie de sa vie, enfuies la rigueur maternelle et la fantaisie paternelle. Un nouveau « je » est né, tel un avatar masquant les traumas.

Qui est-on exactement ? Façonné par une éducation, un environnement, une classe sociale, choisit-on vraiment son identité ? Quid d’un individu ballotté entre deux conceptions opposées de l’existence ?

En se plaçant cinquante ans plus tard, Alessandro Piperno suit l’évolution de son héros avec un regard mature, jamais dépourvu d’ironie. De l’enfance sans racine au jeune homme qui assume son passé, il ne lâche pas son narrateur, interprétant ses interrogations, ses frustrations, ses apprentissages, ses dénis, ses désirs ou sa mauvaise conscience. Sa prose fluide, riche, particulièrement inventive, interroge la manière dont se fabrique une personnalité, le sentiment d’imposture souvent ressenti à l’adolescence et le besoin si actuel de se décharger de sa propre responsabilité en désignant d’autres coupables. Un roman au questionnement universel qui offre également un portrait savoureux de nos contemporains.


Béatrice Arvet


Article paru dans l'hebdo La Semaine


REPÈRES


Né à Rome en 1972, Alessandro Piperno enseigne la littérature française à l'université de Tor Vegata. Son 1er roman « Avec les pires intentions " (Liana Levi, 2006) a connu un succès immédiat. « Persécution » (Liana Levi, 2011) a obtenu le prix du meilleur livre étranger et « Inséparables » (Liana Levi, 2012), le prix Strega.

 
 
 

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