LA COLLISION de Paul Gasnier - Éditions Gallimard
- Béatrice Arvet
- 13 déc.
- 2 min de lecture

Après un drame, la tentation est grande de se laisser envahir par la haine, ce mélange de frustration, d’irritation et d’impuissance régulièrement attisé par les partis extrêmes.
Dans le cadre de son métier, Paul Gasnier couvre régulièrement les meetings de l’extrême droite où les arguments autour de l’insécurité, l’immigration, le laxisme de la justice font écho à la colère éprouvée après la "Collision" mortelle l’ayant privé de sa mère le 6 juin 2012. Celle-ci a été percutée par une moto cross, conduite par un « délinquant récidiviste » qui faisait une roue arrière à 80 km/h dans une rue de Lyon interdite à ce genre de véhicule. Paul Gasnier avait 22 ans. Dix ans de chagrin plus tard, dans le but d’apaiser une rancune tenace, il passe par l’enquête et l’écriture – afin de "comprendre à défaut de pardonner" - l’enchainement des événements, qui ont abouti à la catastrophe.
En élargissant le fait divers à un phénomène sociologique, en prenant l’assassin comme sujet d’étude, il atteint son objectif soit « faire quelque chose de cette histoire, ne serait-ce que pour donner tort à une époque empoisonnée par le ressentiment et les regards en coin. » Il le fait avec panache, refusant de se laisser guider par la douleur et la soif de vengeance, dans le but d’atteindre une forme de sagesse, dont sa mère aurait été fière. Des mots justes au service d’une réflexion lucide, dont il est urgent de s’inspirer.
Béatrice Arvet
Article paru dans l'hebdo La Semaine du 4 décembre 2025
REPÈRES
Né en 1990, Paul Gasnier est journaliste. Il a fait ses études à Science PO et aux langues O. Il parle couramment l’hindi, l’anglais et l’italien. Après des reportages pour Envoyé spécial, 66 minutes, Canal +, Arte …, il a intègré l'équipe de « Quotidien » en 2020.
