HOPE d'Andrew Ridker - Éditions de l’Olivier
- Béatrice Arvet
- 6 janv. 2024
- 2 min de lecture
Avec humour et un sens du rythme efficace, Andrew Ridker talonne tour à tour les quatre membres d’une famille de Boston traversant une zone de turbulences. Un second roman réussi, qui se lit à toute allure.

À la « loterie de la naissance », les Greenspan, juifs libéraux de Boston, n’ont pas tiré les plus mauvais numéros. Scott, le père, cardiologue réputé, participe à une étude lucrative sur la péricardite nommé HOPE. Probablement n’aurait-il pas dû trafiquer le recrutement de ses cobayes, histoire de se refaire après un investissement raté dans une start-up. Deb, sa femme, danseuse contrariée, s’est investie corps et âme dans l’éducation de leurs deux enfants et la vie associative du quartier de Brookline. Maya, l’aînée, diplômée en lettres, travaille comme assistante dans une grande maison d’édition à New-York. Par hasard, elle retrouve un professeur, dont elle était tombée amoureuse en terminale. Gideon, le benjamin, s’escrime à suivre la voix ouverte par son père en cumulant études de médecine et recherche. Lorsque l’escroquerie de Scott est découverte, ce bel équilibre va s’effondrer et chacun va remettre en question ses choix.

Sur une année (2013-2014), alors que la réélection d’Obama ouvrait une période « d’espoir », les membres de la famille Greenspan vont perdre leurs repères et prendre une succession de décisions autodestructrices. Chaque chapitre zoome sur un personnage et questionne l’emprise des uns sur les autres.
Qui a le pouvoir ? La grand-mère avec son pécule ou l’étudiant fauché à qui elle le donne pour combler sa solitude ? Le prof charismatique ou l’élève devenue éditrice qui peut s’intéresser à son roman ? Le médecin qui entretient son épouse ou la femme qui s’émancipe d’un homme déchu ? Le père admiré ou le fils qui abandonne ses études ?
Andrew Ridker accompagne ses héros dans leur chute avec une tendresse évidente et une maîtrise solide de leur évolution psychologique. Il est impossible de ne pas penser à Jonathan Franzen en découvrant cette radiographie d’une famille américaine en pleine crise.
Béatrice Arvet
Article paru dans l'Hebdo La Semaine du 7 décembre 2023
REPÈRES
Andrew Ridker est né en 1991 à Boston. Son 1er roman « Les altruistes » (Rivages, 2019) a connu un beau succès, a été publié dans 17 pays et sélectionné pour le prix du meilleur livre étranger.
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