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J’EMPORTERAI LE FEU Le pays des autres, 3 de Leïla Slimani - Éditions Gallimard

  • Béatrice Arvet
  • 2 mai
  • 2 min de lecture

Après s’être librement inspirée de l’histoire de ses grands-parents, puis de leurs enfants, Leïla Slimani se concentre sur la génération, née comme elle, dans les années 80. Fidèle à sa méthode, conjuguant l’évolution du Maroc et l’intimité des personnages, elle n’a en rien perdu de l’énergie narrative qui habitait les deux premiers volumes.

 

Le domaine Belhaj est maintenant prospère. Amine le patriarche et sa femme alsacienne Mathilde sont fiers d’avoir transformé une terre aride en une plantation florissante. Aïcha leur fille est devenue gynécologue à Rabat, mariée à Mehdi surnommé dans sa jeunesse Karl Marx en raison de ses convictions communistes. Il a été nommé président du Crédit Commercial du Maroc, une banque oeuvrant pour le développement du pays. Leurs deux filles, Mia et Inès, grandissent en français dans un environnement privilégié, laïc, progressiste, avec un père souvent absent et une mère très occupée. Rapidement, Mia comprend que son homosexualité devra rester secrète et honteuse.

Comment être libre dans un pays où tout ramène à la tradition et à l’héritage ? Leïla Slimani continue de pointer les contradictions du Maroc, où la vie publique ressemble rarement à la vie privée. Dans la décennie 90, le pays subit une crise économique accompagnée d’un durcissement du régime, d’un retour en force de la religion et des valeurs ancestrales. Le 11 septembre n’arrange rien qui met les musulmans en porte-à-faux entre les islamistes et la peur que ceux-ci déclenchent en occident. La famille Daoud subit les conséquences de ce repli sur soi, le père accusé de détournements de fonds et les filles, étudiantes en France, devenues suspectes, forcément.

Avec ce beau titre emprunté à Jean Cocteau, l’auteur de « Chanson douce » clôt sa trilogie sur la double identité de nombreux marocains, cette sorte de schizophrénie qui empêche d’être soi-même et le rôle salutaire de la littérature, comme une maison protectrice, seul lieu d’intégrité.

 

                                                                                                                      Béatrice Arvet


Article paru dans l'hebdo La Semaine du 3 avril 2025


REPÈRES

 

Née en 1981 à Meknès, Leïla Slimani est diplômée de l’institut d’études politiques de Paris. Son second roman « Chanson douce » (Gallimard) a reçu le prix Goncourt en 2016 ainsi que le prix des lectrices de « Elle ». Elle est très engagée dans le combat pour l’émancipation des femmes et contre les intégrismes religieux. "J'emporterai le feu" clôt "le pays des autres" une trilogie sur l'histoire du Maroc.

 

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